Je m’en doutais, j’étais prêt à parier, je le savais,…

Ma petite affiche, mignonne, toute pimpante qui avait obtenu la permission de minuit en ce lundi 4 juillet est restée dans le coffre.

Dimanche 19 heures, plus que 5 heures à attendre et la voiture familiale devenue carrosse , l’entraînera dans les plus grandes artères, les plus belles places pour lui montrer la ville théâtre , la cité des papes.

A peine avons nous franchi les remparts que ses consœurs semblent s’être donné le mot pour briser le rêve. Elles sont déjà là. En place, aux meilleures places et plus un centimètre carré de disponible. Ou alors, en cherchant bien, dans les faubourgs, dans les ruelles où ou personne ne passe.

Elle en a les larmes aux yeux, comme une amante trompée qui découvre celui qu’elle aime dans les bras d’une autre.

Et elle pose des questions en sanglotant :

- Comment ont-elles pu me faire cela?

Je ne savais trop que lui répondre, alors j’ai parlé du grand bain… du bain de foule… du bain de mer. Oui un peu comme à la mer quand on attend l’heure d'y aller. On attend pour la digestion, mais l’attente est bien trop longue. On n’en peut plus de patienter, d’attendre l’heure légale.

On piaffe, on piétine, on s’épie et on se prend par la main pour courir ensemble. Et c ’est à qui sera mouillé le premier.

Elles n’ont pu résister, elles se sont jetées sur la première grille venue, sur le premier poteau. C’est chacun pour soi, l’hallali.

Elles s’exhibent , fières d’avoir devancé l’appel.

-« Et tant pis pour toi, qui a attendu. Il fallait être plus finaude que les autres, tu n’ avais qu’à arriver plus tôt.

Regarde moi bien, j’y suis, j’y reste ! »

Alors pour la consoler, je lui dis qu’elle aura son heure, un mois c’est long. A la première pluie, les premières arrivées disparaîtront.

Peut-être même qu’elles ne tiendront pas jusque-là.

D’autres, plus pugnaces, plus invasives les délogeront.

Celle-là, par exemple, tout à l’heure, rue de la république.

Un cliché, qui ne plaît pas ! Qui ne me plaît pas, et qui ne plaît pas au monsieur chapeauté qui recouvre les autres.

Il me demande si je suis de la police? Il P1000045 travaille pour une production… Faut le comprendre! Cela semble lui donner tous les droits. Les productions…

Ma petite affiche, elle s’en fiche des « productions » qui écrasent les autres… Elle veut vivre sa vie sans recouvrir les autres.

Et elle me glisse d’un air désabusé : « Affiches, je vous hais !

Affiches, je vous hais ! festival off 2011

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